Voici l’article paru dans Les Nouvelles Calédoniennes consacré à l’événement :
Une première boucherie halal bientôt ouverte
Publié le mercredi 24 février 2016 à 03H00
Il sera bientôt plus facile d’acheter de la viande halal à Nouméa. Installée rue Ohlen, une structure familiale de proximité permettra aux musulmans pratiquants, comme au voisinage, de s’approvisionner au quotidien.
Portes-de-Fer, hier après-midi. Lorsqu’elle sera ouverte, dans quelques jours, la boucherie devrait proposer des horaires relativement souples. Même si cela reste encore à confirmer, Hosni Labidi et son équipe pensent ouvrir du mardi au dimanche midi.
Photo Julien Cinier
Il lui reste encore un peu de travail avant de pouvoir recevoir ses premiers clients, mais c’est la dernière ligne droite. « Ça fait longtemps qu’on y pense. Il nous a fallu un peu de temps pour organiser les choses », explique Hosni Labidi. Avec son frère et son épouse, ils vont très bientôt ouvrir une boucherie halal aux Portes-de-Fer. La première du genre.
« Je suis arrivé ici en 2005 et on a ouvert notre snack de kébab en 2011. » Cette première expérience lui permet de se faire connaître et de discuter avec sa clientèle. « Comme on était les seuls à faire des sandwichs halal, les gens nous demandaient souvent si on pouvait leur vendre de la viande pour chez eux. » Il devait leur dire non, mais c’est comme ça que l’idée a germé.
Burgers au poisson
« Quand on est musulman pratiquant, c’est encore la galère de trouver de la viande halal. Les ados ici, quand ils sortent entre copains dans un fast-food, ils doivent toujours prendre des burgers au poisson. Moi je voudrais que mon fils ait le droit de manger comme tout le monde. »
Jusqu’ici c’est essentiellement la société Selvi, basée à Dumbéa, qui fournissait cette clientèle sur le Grand Nouméa. Mais en plus grosse quantité. « Ce n’est pas notre métier. On essaye d’en avoir régulièrement, mais ce n’est pas toujours le cas, détaille Xavier Perdriau, directeur de l’enseigne. On vend au minimum pour 2 kg. Les gens prennent parfois 4 ou 5 kg. On vend aussi de la viande casher. » Lorsqu’il a proposé ce service il y a quelques années, un peu par engagement, le secteur ne représentait qu’un pourcent de son activité. Un chiffre qui n’a pas vraiment évolué depuis.
Si le marché reste étroit sur le plan industriel, la demande existe cependant, d’après Hosni Labidi. Pour lui, il s’agit aussi de faciliter le quotidien des musulmans. « Parfois, on a juste envie de se prendre un steak en rentrant du travail le soir, ou un poulet rôti le dimanche midi. Et pour l’instant, ça n’est pas possible. » En plus de la boucherie, il proposera un service de rôtisserie, de la charcuterie à la découpe (sans porc évidemment) mais aussi des épices et des produits du Maghreb. Accompagnée d’un certificat et importée par l’Ocef*, la viande viendra de Nouvelle-Zélande, comme pour la société Selvi. La charcuterie, en revanche, sera commandée auprès d’une entreprise spécialisée en Métropole. « Je suis allé à Aubervilliers pour m’assurer de la qualité. J’avais besoin de voir les produits pour que mes clients aient confiance. » Il s’est aussi rendu à l’aéroport pour s’occuper de la partie transport. Une fois tout cela réglé, il a enfin pu s’atteler à la partie sanitaire de son installation, qui sera située juste à côté de son snack de Portes-de-Fer. « J’ai déjà ma clientèle, mais cela peut aussi concerner les Indonésiens », précise-t-il.
Diversifier sa clientèle
« On est assez souples là-dessus dans la famille, mais c’est une bonne nouvelle, confirme une Indonésienne musulmane pratiquante. Comme on en trouve très rarement dans les supermarchés, on mange pas mal de poisson et il m’arrive aussi de faire une prière avec de la viande non halal », reconnaît-elle. Elle ira sûrement faire un tour, quand la boucherie sera ouverte pour voir ce qui peut l’intéresser. Arrivé en Calédonie il y a 30 ans, Issa Soumaré connaît bien les besoins et les comportements en la matière. « C’est une bonne chose qu’il se lance, mais le marché reste très petit. Il n’y a pas beaucoup de grandes familles qui consomment beaucoup. D’autant plus qu’il y a aussi des gens qui préfèrent aller directement chez un éleveur localement. » Pour diversifier sa clientèle, et aussi pour lui rendre service, Hosni Labidi proposera également de la viande casher pour la communauté juive. Comme la sandwicherie kébab, qui fait aussi office de salon de thé avec des pâtisseries orientales, le lieu se veut très ouvert. « C’est une boucherie qui peut aussi être pratique dans le voisinage, espère-t-il. Comme commerce de proximité pour les personnes non musulmanes. »
*Ocef : Office de commercialisation et d’entreposage frigorifique.
Seuls 10 % d’entre eux seraient pratiquants.
Une viande conforme à la religion
Pour être considérée halal, une viande doit remplir plusieurs conditions. La bête doit être abattue et vidée de son sang par un musulman qui prononce une formule au nom de Dieu. La tête de l’animal doit également être tournée en direction de La Mecque. Les musulmans peuvent aussi consommer de la viande casher, mais la réciproque est impossible. Les produits de la mer ne sont pas concernés par ces exigences.
De nouveaux kébabs dans la ville
Les amateurs du fameux sandwich oriental auront bientôt moins de kilomètres à parcourir sur leur pause déjeuner. Après la nouvelle boutique ouverte il y a un mois à la Vallée-du-Tir, une autre adresse est prévue dans les semaines qui viennent à Ducos.
Stéphanie Chenais