Le journal d’un Hajji

Mémoire d’un frère et d’une sœur ayant accompli le hajj en 2002

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Louange à Allah de nous avoir permis, mon épouse et moi, d’accomplir le hajj (5ème pilier de l’islam). Ce récit, nous l’espérons, aidera nos frères et sœurs dans leur préparation au grand voyage et les renforcera encore plus dans leur désir d’accomplir le hajj.

Les présentations :

Nous pratiquons l’islam depuis environ huit ans ; je suis français d’origine parisienne en Calédonie depuis une quarantaine d’années, ma femme est quant à elle Indonésienne née en Nouvelle-Calédonie. Mon nom de converti est Assim, j’ai choisi ce nom juste après notre mariage islamique ; celui de mon épouse est Houriya, nom qui lui a été donné à sa naissance, à côté d’un nom chrétien (c’était alors obligatoire pour intégrer l’école française)

L’intention :

Dès notre entrée en islam, un de nos grands désirs était de pouvoir un jour accomplir le Pèlerinage.
Un an avant de partir, alors que l’imam de Nouméa, Ustaz Moustafa programmait un voyage en groupe, ceux qui comptaient partir se sont réunis, et avec l’imam nous avons fait solennellement le niyat (l’intention) d’accomplir le hajj.

La préparation :

L’imam, qui allait nous servir de guide, réunissait notre groupe chaque mois pour nous enseigner les douas (invocations) que nous aurions à réciter aux différentes étapes du Pèlerinage. Il nous répétait chaque fois que nous aurions à faire preuve d’une très grande patience, la suite nous fit comprendre pourquoi il insistait autant.
Nous remplissions aussi les longues formalités administratives :

* Le passeport : la date de péremption ne devra pas être inférieure à six mois au moment où on entame les démarches : 3 mois pour les visas, 1 mois à 1 mois et demi de voyage (prévoir les retards possibles au retour) et un mois après le retour au pays.

* Le carnet de vaccination : devra être à jour pour les vaccins suivants : DT Polio, typhoïde, méningite, et anti-grippe.

* Les photos : il faut six photos récentes, les hommes devront avoir la tête couverte, les femmes doivent être voilées.

* Argent de poche : il vaut mieux avoir des dollars US ou des euros, que des dollars australiens ou néo-zélandais. Il est préférable d’emmener l’argent en liquide et une carte bleue Visa, American Express ou Dinners Club, et éviter les travellers chèques.

La monnaie locale est le riyal, 1 riyal vaut environ 27 francs CFP. On trouve des petits bureaux de change à tous les coins de rue de Makkah et de Médine ; par contre il n’y en a pas à Mina, Arafat et Mudzalifa.

 

 LE VOYAGE

Le hadj et ses différentes étapes, ses émotions, la peur parfois et surtout le souvenir qui reste en soi et ne peut être conté…. Pour finir un seul mot qui résume le tout «  le bonheur »

NOUMEA : Départ de la mosquée, beaucoup de frères et de sœurs sont là. L’imam nous réunis pour la prière du voyage suivit d’un doa. Nous partons en cortège en direction de l’aéroport de La Tontouta.

TONTOUTA : Des frères et sœurs, de la famille, des amis sont présents pour notre départ. Une demi-heure passe et le haut-parleur nous appelle pour l’embarquement. Bien sur, il faut dire au revoir. Tout le monde nous souhaite bon voyage et surtout bon pèlerinage. Quelques larmes sont mélangées à la joie..

SYDNEY : Deux heures de vol, le voyage s’est bien passé. Il nous faut faire vite, car nous ne disposons que d’une heure trente pour récupérer nos bagages et de faire enregistrer sur une autre compagnie. Malheureusement, nous n’avons pas eu le temps. Nous sommes donc partis sans nos bagages. Ils devraient prendre le prochain avion. Cela fera deux à trois jours si tout va bien après notre arrivée. Le gros problème c’est que nous ne disposons que de nos bagages à main, ce qui veut dire que nous n’avons  de rechange que celui prévu à Kuala Lumpur.

KUALA LUMPUR : Escale très importante. C’est ici que pour les hommes, nous allons revêtir notre tenue d’ihram et nous trouver en état de sacralisation. Pour les sœurs, elles sont en très très belle tenue. Nous recherchons l’endroit où se trouve la salle de prière. Nous y voilà, nous pouvons faire nos ablutions, puis revêtir notre tenue. Nous sommes tous prêts. Après avoir fait notre prière, nous dirigeons vers l’embarquement. D’autres frères et sœurs sont là prêts pour embarquer. Puis c’est le décollage.

JEDDA : Après huit heures de vol, nous voilà arrivés, fatigués pour ceux et celles qui n’ont pas pu dormir.

Nous sommes impressionnés par la conception de l’aéroport. Il est conçu par d’immenses tentes, maintenues par une très grosse armature métallique. C’est très original et très beau.

Nous approchons du contrôle. Nous essayons de nous faire comprendre. Pas facile, la Calédonie est un très petit pays et pas connu du tout. Heureusement, un frère parle anglais et peut leur expliquer que notre pays est situé pas loin d’Australie. Plusieurs d’autres contrôles et enfin, c’est terminé. Nous comprenons très bien tous ces contrôles après tout ce qui se passe dans le monde. Nous voilà maintenant en pays musulman.

Un petit moment passe et soudain l’azan est diffusé par haut-parleur. Il nous faut vite trouver les salles d’ablution et de la prière. Après les ablutions, nous voyons des choses que nous n’avons pas l’habitude de voir : en un instant tout se ferme : banques, boutiques, restaurants…. C’est impressionnant. Puis nous avons trouvé la salle de prière. De très grands tapis sur lesquels sont posés de tapis individuels. L’iquomah se fait entendre et la prière commence. Celle-ci terminée, nous devons maintenant trouver notre car.

Quatre vingt kilomètres restent encore à faire pour être à Makka. Le départ est prévu pour l’après midi. Treize heures trente, nous dirigeons vers le car. Personne. Une demi-heure plus tard, le conducteur arrive sans se presser. Il va falloir nous mettre au rythme. Trois quarts d’heure plus tard les bagages sont rentrés et nous nous installons, mais cela ne doit pas encore être l’heure. Finalement après une autre attente, nous partons. Pendant le parcours sous sommes surpris par tous les sacs en plastique qui sont accrochés sur les barrières, les arbres. Il y en a partout. Cela ne fait pas très propre, pourtant  l’hygiène est quelques choses d’important dans l’islam. Sinon le paysage est vallonné, avec quelques petites montagnes. L’auto route est composée de quatre voies de chaque coté. Nous rencontrons quelques petites villes. Les maisons sont presque toutes blanches avec des toits en tuiles. Très peu d’immeubles de deux ou trois étages maximums.

Nous roulons depuis un bon moment, quand soudain nous apercevons un immense Cor’an ouvert qui surplombe l’auto route. Cela indique que nous entrons dans la ville sainte.

MAKKA : Nous roulons doucement, le conducteur et le guide cherchent quelques choses, un endroit certainement. Voilà, nous nous arrêtons. Le guide descend, quelques minutes plus tard il revient avec dans ses mains de sortes de bracelets en peau. Nous recevons chacun un et nous devons le porter tout le temps durant notre séjour à Makka. Sur le bracelet est inscrit le nom de notre groupe et celui de notre hôtel. Nous repartons quelques minutes plus tard et à nouveau nous roulons au pas. Le conducteur cherche notre hôtel, il ne le connaît pas et surtout ne sait pas où il se trouve. Enfin nous le trouvons, il est magnifique, cinq étoiles s.v.p. L’imam nous dit d’en profiter car c’est le seul que nous aurons pour tout le séjour.

EPISODE 3 :

L’intérieur tout est en rouge, même les tapis. L’imam nous distribue les clefs, trois pour les hommes, trois pour les femmes. Par contre à l’intérieur des chambres, rien ne nous fait penser à un hôtel de cinq étoiles. Quatre lits sont alignés, pas de placard, juste une simple table pour quatre. Heureusement les sanitaires sont corrects. Une grande salle d’eau avec douche eaux chaude et froide, un très grand lavabo et les w.c. sont à part. Ça va c’est correct, de toute façon nous ne sommes pas là pour faire du tourisme. L’imam nous a donné rendez-vous dans deux heures.

La nuit est tombée quand tout le monde est réuni dans le hall. L’imam nous a commandé un bus, certains d’entre nous sont un peu fatigués. La mosquée n’est pas trop loin, nos premières épreuves nous attendent. Par précaution, le bus ne sera pas de trop pour le retour. Cinq minutes plus tard, nous  voilà arrivés. La route étant au sous-sol, il faut monter quelques marches. Là, devant nous se trouve, toute illuminée de toutes parts, la mosquée « El Haram ». Ce n’est pas un rêve, nous sommes bien là. Il n’y a pas de mots pour définir ce que nous ressentons. Nous avançons, le sol est tout en marbre blanc, en différents endroits se trouvent les minarets, très hauts et fins. Les portes sont en bois toutes sculptées. Quelques marches encore à monter et nous voilà devant l’entrée où se trouvent pêle-mêle des milliers de paires de chaussures et de claquettes de toutes sortes. Nous mettons les nôtres au même endroit en espérant les retrouver. L’imam nous conseille pour la prochaine fois d’emmener un sac en plastique pour les placer à l’intérieur. Comme cela, nous pouvons les emmener avec nous. Nous franchissons la porte et avançons tout doucement, la police saoudienne nous contrôle, fouille des sacs etc….Les femmes elles aussi ont droit à la fouille. Ce sont les femmes qui procèdent aux même conditions que nous, mais sans ménagement, bizarre ! Par contre eux ont des points communs, pas un sourire, pas une parole, même pas un regard, nous verrons plus tard qu’ils n’ont aucun respect pour les pèlerins. Cela est même choquant de la part de « musulmans ».

Nous pénétrons à l’intérieur, c’est immense, plein de lumière partout. Au sol de très grands tapis rouges,  les pèlerins sont là, assis, en train de prier ou de lire et surtout hommes et femmes ensembles. C’est la seule mosquée où l’homme et la femme peuvent prier côte à côte. Soudain nous levons notre regard, et là, devant nous, toute noire vêtue la Ka’ ba. L’émotion s’empare de nous, mais de courte durée, l’imam nous appelle pour commencer notre première épreuve : la « oumra ». Nous commençons par les deux ra’akat de salutation à la mosquée et nous avançons pour faire les sept tours de la Ka’ba, le « tawaf » en récitant des prières à certains endroits, à d’autres des douas et à l’angle où se trouve la pierre noire, il nous faut crier « Allahou Akbar »

Puis nous nous dirigeons un peu plus loin pour une autre épreuve « le sa’y ». Il s’agit de faire un parcours qui se situe entre les monts « Marwa » et « Safa ». Il nous faut faire sept fois ce parcours. Là aussi, à chaque fois où nous arrivons à un mont, il nous faut faire un doua. Tout au long de cette marche, nous récitons une prière. Nous finissons par deux ra’akat. Les deux épreuves terminées, nous venons d’accomplir notre « umra » avec une particularité, il nous faut nous raser le crâne ( pour les hommes uniquement) ou nous couper une petite mèche de cheveux. Voilà, notre première épreuve est accomplie. Nous nous regroupons pour rentrer à l’hôtel en partant à pieds tout ensemble, comme cela, nous nous rendons compte de la distance, qui n’est pas très loin d’ailleurs.

En lisant ces lignes peut-être avez-vous été étonné de ne pas nous voir plus émus devant la Ka’ba. C’est vrai, peut-être la fatigue de voyage, tout ce monde autour, la concentration pour cette première épreuve….Rentrés à l’hôtel, nous décidons à plusieurs d’aller nous reposer quelques heures et nous réveiller à deux heures du matin pour retourner à la mosquée.

Une heure trente, le réveil sonne, une douche, des habits propres et nous voilà réunis dans le hall. En route  nous croisons des pèlerins venant de la mosquée, fatigués et nous nous mêlons à d’autres pèlerins qui ont du avoir la même idée que nous. A la sortie du virage, nous découvrons  à nouveau la mosquée tout illuminée de partout. Vraiment elle est belle. Nous avançons et approchons du portail, nous retirons nos chaussures et les mettons dans un sac en plastique. Nous passons la police et nous avançons un petit peu afin d’effectuer notre prière de salutation à la mosquée. Puis nous  nous dirigeons vers le centre  pour la voir. Là, devant nous à nouveau elle est belle avec son manteau noir et brodé de partout. C’est merveilleux, maintenant l’émotion est là, la joie et les larmes mélangées. Nous effectuons à nouveau deux ra’akat et restons là assis à la contempler. Quel bonheur d’être là, « merci ô Allah ! ». Merci ô mon Dieu d’être ici, de pouvoir effectuer notre hadj. Puis nous dirigeons dans la cour et nous allons à nouveau faire le tawaf. Il n’y a pas beaucoup de monde. Au fur et à mesure de nos tours, nous nous approchons d’elle et tout à coup nous voilà, nous sommes tout près d’elle, nous la touchons de nos mains, de notre corps. L’émotion est forte, très forte, nous restons là comme attachés à elle et tout en pleurant de joie, de bonheur, nous prions en pensant à tout le monde, à la famille, à nos amis, à ceux et à celles qui nous ont quittés et qui sont auprès de notre Seigneur. Tout ceci se passe en quelques minutes. Pas une remarque ou autres des frères et sœurs qui tournent autour de la ka’ ba, au contraire, en nous voyant, nous lisons sur leur visage qu’ils nous comprennent, eux aussi ont dû avoir ces mêmes moments d’intense bonheur. Nous finissons nos sept tours et nous allons faire à nouveau deux ra’akat. Nous restons un bon moment assis après la prière. Notre bonheur est immense. Enfin nous rentrons à l’hôtel pour nous reposer, penser à toutes ces images et peut-être dormir un peu en attendant l’heure de subuh.

Un réveil ou une montre sonne. Il faut se préparer pour la prière de subuh. La nuit a été courte, à peine deux heures de sommeil, mais déjà la tête pleine d’images qui reviennent. Une bonne douche, des vêtements propres et nous voilà partis. A peine arrivés à 150 mètres de la mosquée, déjà beaucoup de monde. Enfin, nous voilà rentrés, il faut vite trouver une place. L’azan ayant été fait, nous faisons nos deux ra’akat. Et la prière commence après l’iqamah. Et c’est avec une très forte émotion que nous accomplissons notre première prière obligatoire à Makka. Et à chaque fois, nous éprouvons toujours cette forte sensation.

Nous restons quelques jours dans la ville de Makka avant de poursuivre notre pèlerinage.

Un matin, l’imam nous réunis et nous prévient de se préparer pour partir vers Médine en fin d’après-midi. Nous voyagerons de nuit afin d’éviter la chaleur bien que le car soit climatisé. Médine est éloignée de quatre cent cinquante kilomètres environ de Makka . Cela prendra presque toute la nuit. Finalement, nous partons après la prière de icha et nous voilà en route vers Médina.

MEDINA : Le voyage s’est très bien passé. Il est environ quatre heures trente du matin quand nous arrivons aux abords de la ville de Médina. Soudain, au détour d’une place, nous apercevons un minaret, puis plus rien. Enfin, nous arrivons pas très loin de notre hôtel. Nous avons la chance de passer tout près de la mosquée. La disposition n’est pas la même qu’à Makka. Celle-ci est entourée d’une grille avec de grandes portes d’accès. Une grande cour et au milieu, la mosquée  de forme à peu près rectangulaire. C’est tout ce que nous pouvons dire pour l’instant, car nous tournons pour nous rendre dans une rue derrière. En fait, encore une fois, nous ne sommes pas très loin et c’est tant mieux.

Nous voilà arrivés devant notre hôtel. Nous récupérons nos bagages et pendant ce temps, l’imam va chercher les clefs. Nous serons au cinquième étage, avec vue sur la mosquée, oui vous avez bien lu, vue sur la mosquée. De la fenêtre nous la voyons, surtout les toits. Sur ceux-là, au fond à droite, un très grand dôme de couleur verte : c’est l’emplacement sous lequel se trouve le tombeau de notre prophète r . Pendant notre séjour, nous lui rendrons visite.

Revenons à notre chambre, oui nous avons une grande chambre style dortoir pour tout le monde sauf l’imam où une chambre tout à côté lui est réservé, normal….Là aussi une grande salle d’eau, douche et double lavabo, avec les W.C. à part, c’est mieux et surtout pratique.

Nous avons une cuisine commune, c’est à dire avec d’autres frères qui sont au même étage que nous. Donc cuisine aménagée avec placards, four micro-ondes, un très grand  réfrigérateur, une machine à laver le linge et surtout un sèche-linge. Ces deux appareils sous seront d’une très grande utilité. Les femmes disposent  du même matériel comme nous mais leur cuisine est à coté d’elles, donc pas nécessaire de sortir. Si nous nous dépêchons un peu, nous pouvons être dans la mosquée pour le subuh.

Nous avons fait vite et nous voilà dehors. Pas besoin de chercher la mosquée, nous n’avons qu’à suivre la foule. Nous voilà dans la cour. Nous remarquons qu’à un certain moment, les femmes se séparent des hommes. Fini les prières ensemble. Arrivés devant le portail, même chose, une très grande et haute porte sculptée toute en bois. Et puis la police saoudienne, hommes et femmes, toujours aussi présente. Franchi le portail, nous nous trouvons tout de suite dans la salle de prières. Quelques allées séparent les lieux de prières. Et puis quelque chose de surprenant, nous trouvons à une extrémité de la mosquée et il nous est impossible de voir le bout, aussi bien sur notre gauche que devant nous, elle est immense. Il paraît qu’elle peut contenir aux moments forts trente à quarante milles pèlerins. Oui vous avez bien lu, et ceci uniquement au rez-de-chaussée. Il y a la terrasse, elle peut contenir trente mille en moyenne, c’est sûr. Toujours éclairée par de très grands lustres. Les prières sont aussi diffusées par haut-parleurs. A certains endroits, le toit est ouvrant, ce qui veut dire que nous pouvons voir le ciel. A la prière de icha, nous avons l’impression de prier avec les étoiles. Au premier étage se trouvent des salles où les pèlerins peuvent se réunir, soit pour lire, soit pour écouter des orateurs. Plus loin, sur la droite, tout au fond, se trouve le dôme sous lequel est situé le tombeau du prophète r. Avec l’imam, nous ferons la visite, mais il faudra vérifier d’abord les horaires. Les femmes iront toutes seules. Il ne peut y avoir d’hommes pour les accompagner car c’est du côté de la salle de prières des femmes.

Après la prière de subuh, nous irons tous ensemble prendre notre petit déjeuner, ensuite faire quelques courses pour le repas de la journée dont le menu sera revu au fur et à mesure. Nous profiterons ainsi de notre belle cuisine.

L’imam nous prévient que pour la visite du tombeau de notre prophète r, il faut s’y rendre de bonne heure le matin. Donc, le  lendemain matin à deux heures trente à l’ouverture, nous sommes présents à la mosquée, et il y a déjà beaucoup de monde. Nous nous déchaussons, passage devant la police, puis nous rentrons. L’endroit est un peu différent, de très belles colonnes en marbre blanc, au sol de très grands et beaux tapis. Tout de suite nous nous rendons à l’endroit où notre prophète r faisait ses prières. Nous faisons deux ra’akats, puis nous rejoignons les autres frères qui suivent la file. De plus en plus cela s’assombrit, nous approchons doucement de l’endroit où se trouve le tombeau, l’émotion nous gagne, mais arrivés devant nous sommes un peu déçus car nous nous trouvons assez loin, des grilles nous empêchent  d’approcher et il fait vraiment très sombre, nous distinguons à peine et en plus la police nous fait signe que nous ne pouvons nous arrêter un instant. Il faut faire vite et suivre la foule. Nous voilà dehors un peu frustré. Mais je m’aperçois plus loin que des frères rentrent par une sortie au fond. Nous approchons et doucement nous rentrons de nouveau, personne pour nous empêcher. Nous voilà de nouveau devant le tombeau de notre prophète r. C’est un peu loin mais c’est bien et nous restons là au moins un quart d’heure. Beaucoup d’émotions et les yeux humides en sortant.

Nous sommes restés à Médine huit jours. Puis nous partons pour Mina. Ce soir l’imam nous réunis pour nous annoncer notre départ pour Mina et comme d’habitude nous voyagerons de nuit. Il y a environ quatre cent cinquante kilomètres à parcourir.

MINA : Le voyage ne nous a pas paru très long. Certains ont dormi, d’autres ont lu ou bavardé. Le jour commence à se lever quand nous arrivons à Mina. Ce que nous découvrons est extraordinaire. La route est un peu en surélévation ce qui nous permet de découvrir un spectacle incroyable : des centaines et des centaines de tentes à perte de vue. La route descend et nous pénétrons dans cet immense camp. Il y a des tentes partout. Un guide nous conduit  à la nôtre, celle des femmes se trouve un peu plus loin. Arrivés devant, nous pénétrons à l’intérieur. C’est immense, environ deux cents personnes peuvent y prendre place et dormir. Le sol est fait de sable épais puis recouvert  de très grands tapis. L’éclairage est réalisé par des néons. Il y a la climatisation et à chaque extrémité sont installés de distributeurs d’eau froide et d’eau chaude pour faire le thé. Nous prenons place dans un endroit. C’est vraiment bien. Il n’y a pas de mosquée à proximité et les prières se font dans les tentes même et  conduites par des imams. Dans notre tente se sera avec notre imam.

Dehors se trouvent les sanitaires. Un très grand bloc comprenant W.C., douches et lavoirs. C’est beaucoup plus rustique que ce que nous avons connu jusqu’ici. Ce n’est pas grave, on est bien. Plus loin se trouvent des marchands où nous pouvons trouver tout ce qu’il faut pour se restaurer ; Les menus sont variés ! : le midi viande en sauce et riz, le soir riz et viande en sauce avec de temps en temps quelques rondelles de carottes. Mais la nourriture n’est pas ce qui est le plus important. Ce qui compte c’est pourquoi nous sommes là.

Notre séjour durera environ une semaine : trois jours pour les lapidations à Mina, puis  Arafah et Mouzdalifah pour le reste.

Une journée est passée, le soir notre imam nous prévient que nous partons demain pour Arafah avec départ à huit heures du matin.

ARAFAH : Avec un peu de retard, neuf heures, nous prenons un bus pour parcourir quelques kilomètres. A notre arrivée, le décor est tout autre. De très simples tentes faites avec des chutes de tissus, de branches d’arbres en guise de poteaux. Elles ne sont pas fermées, pas de climatisation, pas de tapis, directement posées sur l’herbe. Mais pour ce que nous allons faire, nous n’avons pas du tout  besoin d’un confort plus poussé, surtout pour un séjour d’une journée jusqu’au maghrib. Le reste de la journée se passe en se reposant, en lisant, en faisant de doas. Quand après assar le soleil commence à se décliner, une certaine agitation se fait dans le camp. Tout le monde se prépare en faisant ses ablutions, remet convenablement ses vêtements, ses foulards, ses calots. Et puis le moment tant attendu arrive, les imams nous appellent et nous placent en direction de la ka’aba. Nous voilà en prière jusqu’au coucher complet du soleil. Nous prions pour tout le monde, nos frères, nos sœurs dans l’islam, la famille, les amis, ceux qui sont présents et aussi pour ceux qui nous ont quittés. Nous prions comme faisait notre prophète r. Ce moment est indéfinissable, ce qu’on ressent ne peut être expliqué, il faut le vivre et une fois accomplit encore un moment qui est là en soit et qui comme beaucoup d’autres encore ne peuvent partir. Ce sont des moments de joie, mais aussi des moments de pleurs. Mais en pleurant, quel bonheur on peut ressentir. Parfois ont dit « cet après-midi est vite passé ». C’est vrai, celui que nous avons vécu en prière est passé très vite, trop vite même.

 MOUZDALIFAH : La nuit est tombée, de nouveau nous voilà dans un bus, direction Mouzdalifah. Ce n’est pas trop loin, à peine une demi-heure. A notre arrivée une fois de plus c’est l’événement. Nous nous trouvons devant une immense plaine vide, pas un arbre, juste sur le côté un petit bâtiment très très simple : les toilettes. Du monde, beaucoup de monde, cela arrive de partout, de tous côtés des bus amènent des pèlerins.

Nous formons une foule d’environ quatre à cinq milles personnes ou plus. Surprise, il n’y a pas de tente, nous dormirons à la belle étoile. Il faut se dépêcher pour trouver un endroit assez plat et pas trop de cailloux pour installer nos couchettes. Nous avons trouvé. Nous nous préparons car se sera bientôt l’heure de la prière de icha. En attendant, nous prenons notre repas composé de fruits, de gâteaux et d’eau. C’est simple, mais nous n’en demandons pas plus. Une fois de plus nous pensons à notre prophète r qui lui aussi s’est trouvé dans cette plaine avec ses compagnons. La prière terminée, notre imam prononce un très long doa. Après, beaucoup sont restés à méditer. Un moment encore où joie et pleurs sont mélangés. Nous nous installons comme nous pouvons pour dormir. Que c’est beau, nous avons une nuit avec beaucoup d’étoiles, le sommeil a du mal à venir, nous sommes tellement bien.

Trois heures trente, l’imam nous réveille pour nous préparer pour la prière de subuh. C’est un peu tôt mais avec tout ce monde et le peu de toilettes, il vaut mieux s’y prendre de bonne heure. Il y a beaucoup de monde qui attend.

Après notre prière et le petit déjeuner, nous allons ramasser des petits cailloux qui nous serviront pour les lapidations.

Nous nous rendons au point de rendez-vous où le bus doit nous prendre pour nous ramener à Mina. Beaucoup d’agitations, les bus font une grande file et viennent aux différents emplacements pour prendre les pèlerins.

Cela fait maintenant plus de deux heures que nous attendons et toujours pas de bus. Nous ne sommes pas les seuls à attendre ainsi. Les responsables qui devraient venir au devant de nous en bus ont dû être pris dans les encombrements. Autant à la tombée de la nuit hier soir la plaine paraissait calme, autant maintenant elle paraît très agitée. C’est vraiment impressionnant avec tout ce monde. Ou on a été oublié, ou le bus est coincé quelque part.

L’imam nous réunit pour nous dire que la seule solution est de rentrer à Mina à pieds. La distance est de huit kilomètres, ce n’est pas très loin, mais parmi nous quelques personnes ont du mal à marcher et d’autres sont un peu fatigués par manque de sommeil. Mais nous décidons quand même de rentrer à pieds, avec une pose arrêt de dix minutes toutes les demi-heures. C’est parti et nous voilà comme à l’époque de notre prophète r.

MINA : Nous avons marché assez vite malgré tout. Aux environs de midi, nous approchons de notre emplacement et retrouvons notre tente. L’imam nous recommande de prendre du repos. Nous prenons une bonne douche puis faisons la prière de zohor. Un repas convenable pour nous remettre d’aplomb et un bon repos jusqu’au lendemain au début de l’après-midi où nous partirons pour réaliser notre première lapidation.

Il est treize heures trente, notre groupe se réunit pour nous préparer notre première lapidation. Il y a un petit peu d’angoisse parmi nous car ceux qui ont déjà fait le hajj, nous font remarquer que c’est l’épreuve qui comporte le plus de risques. De toute manière, l’imam nous en avait déjà parlé. Bon, l’imam nous rassemble pour une prière et ensuite il fait un doa afin de  demander à Allah sa protection pour cette épreuve. Un frère de notre groupe est désigné comme notre porte drapeau. Cela nous servira de point de ralliement après la lapidation. En fait de drapeau, ce sera un parapluie.

Ah! Oui j’ai oublié de dire que l’épreuve dure trois jours à des horaires différentes. Chaque jour nous lapidons une stèle différente, mais toutes les trois représentent « Satan ». A chaque stèle nous lançons les sept cailloux en criant « Allahou Akbar ». Surtout il faut bien vérifier qu’on a bien les sept cailloux à chaque fois et qu’ils sont surtout à portée de la main au moment où on s’élance en direction de la stèle.

Au fur et à mesure que nous approchons de la stèle, la foule s’épaissit. Une fois encore, c’est vraiment très impressionnant tout ce monde. Nous commençons à distinguer le bâtiment où se trouve la stèle, que de monde !

Arrivés à environ cinquante mètres de la stèle, nous nous mettons à un endroit qui sera notre point de ralliement. L’imam nous réunit pour donner les dernières consignes. Tout d’abord que ce soit homme ou femme, il faut :

  • soit faire rentrer, soit nouer tous les pans de chemises, robes etc.
  • remonter les manches des pantalons, des chemises ou autres,
  • retirer tous les bijoux, montres, bagues etc.
  • Ôter tout ce qui nous sert de couvre chef,
  • laisser les claquettes à notre point de ralliement
  • bien vérifier les attaches des chaussures.

Dernière recommandation de l’imam et pas la moindre : tout ce qui tombe par terre, lunettes ou autre, n’essayez pas de se baisser pour le ramasser au risque de se faire piétiner. Malheureusement chaque année, pendant les lapidations, des dizaines de pèlerins sont morts piétinés par la foule et cela malgré les recommandations.

Pendant que l’imam nous explique, la tension monte, la foule bouge de partout, certains commencent déjà à courir et à crier, ce qui a pour effet de faire monter notre appréhension. L’imam nous réunis une dernière fois pour faire un doa. Puis nous nous mettons deux par deux.

Tout à coup, quelqu’un donne un signal et là, cela devient inimaginable : la foule est déchaînée, il faut faire vite, nous marchons en direction de la stèle, sans la voir pour l’instant, mais l’attroupement nous indique sa direction. Déjà nous nous sentons bousculé de partout à mesure que nous approchons. Ca y est, nous la voyons, mais nous ne pouvons pas encore nous approcher plus près sans risque et nous décidons alors d’adopter une tactique : pendant que l’un de nous lance ses pierres, l’autre le retient en le tenant à bras le corps par l’arrière et vice versa. Nous avons presque fini, quand tout d’un coup, je sens que je vais perdre l’équilibre. Je lance mes dernières pierres. Il est temps. Je vais tomber en entraînant mon épouse. Je tombe…. Mais tout à coup à hauteur de mon visage, j’aperçois un bras et une main grande ouverte qui me sont tendus. Sans réfléchir, je la saisis très fortement en criant à mon épouse  de se cramponner et de ne pas me lâcher. Je sens que cette main me tire et nous voilà sortis de cette foule en « folie ». C’est à ce moment que je vois le visage de la personne qui nous a certainement sauvé la vie. Sans une seconde, nous lui sautons au cou en l’embrassant très fort. Je crois bien que j’aie pleuré d’émotion. Ce frère est malaisien. Quelques mots ont été échangés avec mon épouse, puis nous nous sommes quittés. Nous ne le reverrons jamais plus. Tout ceci s’est passé en à peine dix minutes.

Nous recherchons notre point de ralliement. Nous y voilà, presque tout le monde est de retour. Les visages sont marqués par l’émotion vécue. C’est vrai que c’est un moment très fort. Nous n’avons pas peur de le dire. Nous avons eu peur, très peur même. C’est très certainement l’épreuve la plus dure psychologiquement de toutes celles que nous avons subi jusqu’à maintenant. Tout le monde est là, nous pouvons donc rentrer pour se reposer.

Le lendemain, nous apprenons que dans la soirée, quatorze personnes ont trouvé la mort écrasées par la foule. Heureusement pour les deux autres jours de lapidation, tout s’est bien passé normalement, sans problème. Demain, nous rentrons à Makka. Cela veut dire aussi que notre pèlerinage touchera bientôt à sa fin. L’imam nous prévient que nous partirons en bus en début de l’après-midi : en attendant, nous prenons un repos.

EPISODE 6 :

Il est quatorze heures et notre bus est là. Nous chargeons nos bagages et nous prenons la direction de Makka. La route monte un peu  ce qui  nous permet de regarder une dernière fois cet immense camp de toile. C’est avec la nostalgie et le cœur plein d’émotion que nous quittons cet endroit.

MAKKA : Au fur et à mesure que nous approchons de la ville, les embouteillages sont de plus en plus nombreux. Beaucoup de voitures, de bus surtout, sans oublier les pèlerins qui marchent ou courent de partout. Un profond changement depuis notre départ pour Médine. Après avoir roulé un peu plus d’une heure pour parcourir un kilomètre, nous voilà devant notre hôtel. Nous récupérons les clefs, surtout nos chambres et bien sûr nos lits. Oh ! Que cela va être très bon cette nuit. Demain nous nous préparerons pour la dernière épreuve qui sera le tawaf d’adieu et nous aurons le titre de hajji pour les hommes et de hajjah pour les femmes. Mais c’est surtout grâce à Allah qui nous a guidés tout au long de ce pèlerinage. Pour ce soir, se sera une bonne douche et surtout une bonne nuit de sommeil récupérateur.

Ce matin debout de bonne heure, une douche, de beaux vêtements propres, un doua avec l’imam et nous partons en direction de la mosquée. Pendant tout le temps de notre séjour, nous n’avons jamais vu autant de monde. La foule s’épaissit au fur et à mesure que nous avançons. Nous rentrons par petits groupes pour effectuer nos deux dernières épreuves. Tout d’abord le « tawaf » d’adieu par sept tours autour de la ka’aba, puis le « sa’y » par sept allées retour entre les monts « Safa » et « Marwa » et se sera terminé pour notre hajj. Nous voilà à l’intérieur et après les deux ra ‘akats de salutation, nous nous élançons dans la foule pour le « tawaf ». Beaucoup de frères et de sœurs pleurent. Cela se comprend : la joie d’avoir accompli notre hajj et la tristesse de devoir quitter ces lieux. Nous voilà au septième tour et l’émotion nous envahi. Quel bonheur nous ressentons ! Les gens poussent, mais nous essayons de faire durer ce dernier tour. Mais voilà, à un moment, c’est fini. Nous arrêtons pour prier, beaucoup de prières en face de la ka ‘aba afin de nous imprégner de son image. Puis nous nous dirigeons à l’emplacement du « sa’y ». Mais au rez-de-chaussée il est très difficile de s’approcher de « Safa » d’où débute la marche. Nous décidons de monter au premier étage. Là aussi beaucoup de monde mais ça avance plus vite. La prière pour commencer et nous voilà partis pour effectuer les sept fois le parcours entre « Safa » et « Marwa » Au début du septième tour, à nouveau la gorge commence à se serrer, nous avons du mal à réciter nos invocations. Nous finissons les derniers mètres les mains fortement serrées. C’est terminé, nous avons accompli le hajj. L’épreuve la plus importante pour un musulman, la plus difficile aussi, mais surtout la plus riche en émotions. Nous allons au devant pour retrouver notre groupe.

Tout le monde est là. Nous nous regardons  un instant, puis tout d’un coup, chacun va au devant de l’autre, le serrant dans les bras, beaucoup avec des larmes aux yeux. Ce sont des larmes de joie, de bonheur en pensant à tout ce qu’on avait réalisé : le hajj, cinquième pilier de l’islam. C’est l’épreuve  au bout duquel l’homme est appelé hajji et la femme hajjah. Mais avant tout c’est un très grand bonheur. Nous souhaitons bien sûr à tous ceux et à toutes celles qui ont la santé et les moyens matériels de ne pas hésiter à réaliser ce cinquième pilier. C’est une expérience enrichissante humainement. On peut écrire de quantités de phrases, de lignes. Mais on ne pourrait pas faire ressentir la joie qu’on éprouve lors des forts instants. Mais malheureusement, il nous faut partir, retourner à l’hôtel, préparer les bagages, demain nous partirons en direction de Jeddah. A ce moment là, se sera fini physiquement, mais mentalement, jamais.

A peine on est  dans les chambres pour faire les bagages qu’on frappe à la porte. Ce sont quelques frères et sœurs qui sont là et viennent nous proposer de faire un « tawaf » de plus pour ce soir. Pas un de nous a eut l’idée de refuser, au contraire nous nous donnons rendez-vous à l’entrée de la mosquée avant la prière de maghrib, ainsi nous pouvons rester jusqu’à la prière de icha et nous ferons le « tawaf » après.

Dix sept heures trente, tout le monde est là. Nous pénétrons dans la mosquée et essayons de trouver un endroit où nous serons tout ensemble. Voilà, nous avons trouvé une place juste en face de la Kaaba. Nous faisons nos deux ra’akat et profitons au maximum du moment présent en faisant beaucoup de zikr. Ce n’est pas par hasard que nous sommes là. Allah a voulu une fois de plus nous récompenser pour ce que nous venons de faire, alhamdoulillah.

Après la prière de icha, beaucoup de gens sont partis pour dîner, ce qui fait qu’il n’y avait pas trop de monde autour de la Kaaba. Nous avons donc pu faire notre tawaf tranquillement, sans être bousculés. C’était merveilleux.

Il est presque 11 heures du soir quand nous rentrons à l’hôtel, heureux encore une fois de ce que nous avons fait. Nous nous sommes séparés, heureux. Nous allons passer notre dernière nuit tranquille à Makkah.

Dix heures du matin, nous sommes prêts depuis longtemps. L’imam vient nous prévenir que le bus est là. Il faut emmener les bagages et les charger, puis nous montons et asseyons. On voit sur les visages un peu de tristesse. Mais tout a une fin . Le bus démarre et passe juste devant la mosquée. Nous nous imprégnons de son image pour la dernière fois. Que c’est dur de partir !

EPISODE 7 :

DJEDDA : A l’aéroport, après avoir enregistré nos bagages, nous dirigeons vers l’entrée qui nous conduit à la navette. Un moment plus tard, nous partons en direction de l’avion. Dix minutes plus tard, après avoir pris place, l’avion bouge et se rend en bout de piste. Puis nous décollons. Un dernier regard vers le sol et à ce moment-là, c’est fini.

Mais il faut souhaiter à tous nos frères et sœurs de pouvoir faire le « HAJJ », incha‘Allah. Allah nous a donnés la chance de pouvoir faire notre « Hajj ».

POUR FINIR : Nous avons remarqué les faits les plus importants concernant : la patience, la santé, la pauvreté, l’hygiène, l’argent, la nourriture, la police, la lessive du linge. C’est sur ces points, qui nous ont paru essentiels, que nous vous donnons quelques renseignements. Cette réflexion n’engage que nous et en aucun cas est faite pour blesser qui que soit. Cela est fait uniquement que pour aider nos frères et sœurs dans l’accomplissement de leur hajj.

La patience : C’est important. Vous serez constamment confrontés à la patience durant votre pèlerinage. C’est une épreuve. Donc il faut prendre sur vous chaque fois. Vous rappelez constamment quel est votre but précis. Que votre but n’est pas une course de vitesse. Important : nous nous trouvons dans un pays qui n’est pas le nôtre. C’est à nous de nous adapter au pays et non pas l’inverse. Il faut se le rappeler tout le temps.

La santé : Il existe deux modes de soins : l’hôpital ou la clinique.

L’hôpital  : Non recommandé, par son manque d’hygiène souvent, sinon pas du tout. Moyens insuffisants pour les soins. Attente trop longue. Existe uniquement à Makka.

Les cliniques : Elles existent à Makka et à Médine. Elles sont en général propres. Vous êtes consultés par des spécialistes surtout à Makka.

Les pharmacies : Vous en trouvez à Makka et à Médina. Une chose très importante si vous suivez un traitement spécifique à votre maladie : ayez avec vous la quantité nécessaire de médicaments pour la durée du séjour avec du supplément en cas de retard de l’avion, car il est difficile, voir impossible de trouver sur place. Ne pas oublier d’apporter avec vous les ordonnances pour les présenter à la douane éventuellement.

Vous aurez au moins une fois durant votre séjour une grippe avec le changement de climat. De plus, une quantité impressionnante de pèlerins sont grippés. Cela s’entend lors des prières.

La pauvreté : Elle ne se trouve pas parmi la population saoudienne. Elle se trouve  et se voit parmi les autres populations, celles qui font des « mauvais métiers » : éboueur, cantonnier et même commerçants. On est souvent confronté à des enfants qui mendient. Un autre exemple : à la sortie des prières, à chaque fois nous voyons au milieu de la foule des bébés qui déjà tendent la main, bien que leur mère ne soit pas loin. Ce n’est pas facile.

L’hygiène : Deux faits au moins nous ont choqués, le premier c’est la différence de propreté dans les mosquées et les villes. Dans les mosquées c’est nettoyé durant toute la journée. Le deuxième, c’est dans les villes, les cantonniers sont munis de vieux balais et des sortes de boîtes où sont entassés les détritus. Le sol dans les villes est noir et donne l’impression d’être gras. Les gens habitant les villes sont eux aussi sales, ils jettent tout par terre, papiers, barquettes, bouteilles, serviettes en papier. Il faut dire que dans les villes il y a très peu d’endroits où les jeter, ce qui n’est pas le cas dans les mosquées. En général les pèlerins ne rentrent pas dans les mosquées avec de la nourriture ou de la boisson.

L’argent : Les monnaies qu’on peut changer sont : le dollar US, les euros, le franc français. Pour les autres monnaies, c’est plus difficile. Eviter les travellers, par contre les cartes de crédit comme American express-Mastercard, Visa sont conseillées. Les bureaux de change sont dans les rues, ne pas hésiter à en faire plusieurs avant de faire le change. Pardon, j’ai oublié de dire que la monnaie locale s’appelle le rial ( en 2005, un rial=0,29 dollar US). Elle n’est pas cotée ce qui veut dire que la vie n’est pas du tout chère, c’est même impressionnant parfois.

La nourriture : La nourriture classique du pèlerin est bien souvent composé de poulet grillé, chiche kebab, différents casse-croûtes, ragoût, riz. On ne trouve pas beaucoup de fromage, yaourt, quelques fruits importés et chers, toutes sortes de boissons, eaux minérales, jus de fruits. Ce n’est pas cher du tout. Par contre vous avez des restaurants chers dans la ville ou dans les hôtels. A Médine, par exemple, il y a quelques bons snacks et restaurants. Vous avez aussi partout des endroits où l’on vend du café, du thé tout le temps, 24h/24h.

La police : Elle est uniquement saoudienne. Elle est parfois brutale et n’hésite pas à  donner des coups envers les pèlerins, nous sommes fouillés à l’entrée des mosquées sans délicatesse. Il y a aussi la police-femme pour les femmes. Là aussi c’est incroyable, comme on dit il faut voir pour le croire.

Le linge : A Makka et Médina, il n’y a pas de problème, il y a des blanchisseries partout, et surtout pas chères. Cela ne vaut pas la peine de faire la lessive soi-même. Vous donnez aujourd’hui, vous récupérez le lendemain. Par contre pour Mina, Arafah, Mouzdalifah, il n’y a rien, mais comme nous ne restons pas longtemps, il faut prévoir en conséquence.

Maintenant, pour acheter, ce n’est pas cher du tout. Les villes où on en trouve sont Makka et Médina. Dans les autres villes, il n’y a pas de marchands à l’exception de Mina où on peut en trouver quelques uns.

Voilà les quelques remarques constatées, bien sûr elles n’engagent que nous. Tout ce que l’on souhaite, c’est que cela vous aidera un peu.

Depuis que ce voyage a été effectué, il y a presque 10 ans, de nombreux changements ont eu lieu sur place dans le sens du confort du pèlerin, tout est beaucoup plus sécurisé, tous les transports sont améliorés et les attentes sont réduites.

Cependant le hajj reste une école de patience, le maître mot demeure sabr

Pardonnez-nous si nous avons oublié quelque chose ou faits.

Nous demandons pardon à Allah.

Nous souhaitons un très bon hajj à ceux et à celles qui ont l’intention d’y aller, l’imam Mustafa organisera insha’Allah un voyage en 2012.

Qu’Allah accepte notre hajj, ameen.

 

Une réponse à Le journal d’un Hajji

  1. Emile DIENG dit :

    Je m’appelle Emile DIENG, je suis de nationalité sénégalaise (Sénégal se situe à l’extrême ouest de l’Afrique en sens opposé de l’Éthiopie, à la corne de l’Afrique )
    Je vous écris parce que votre témoignage a été très riche en expériences et leçons à tirer pour tout pèlerin.
    En plus de cela je suis très heureux de sentir mon frère musulman dans d’autres horizons comme la nouvelle Calédonie effectuer le Hajj, être si attaché à l’islam
    Que DIEU accorde ton Hajj et te le paie au centuple.

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